mercredi 29 janvier 2014

L’autre jour j’ai pensé : ajouter des repères temporels ce serait bien. Parce que des fois situer l’action (enfin l’action) cela clarifie les choses. Or plus le cadre est cadré plus on peut faire n’importe quoi à l’intérieur. Du moins c’est ma théorie. 

J’ai posé la question à un éminent spécialiste. 

Moi : Dis, que penserais-tu d'un roman avec des dates au début de chaque chapitre, mais dans un ordre anti-chronologique ? Genre 23 octobre, 12 avril, 18 mai, 24 octobre, etc.  
Lui : Rien.  
Moi : Ce serait comme s’il n’y avait pas de dates c’est ça ? 
Lui : Oui. 
Moi : Tu ne te dirais pas, tiens, le 24 octobre c’est après le 23, ce que je lis maintenant doit être la suite de ce que j’ai lu au début ?
Lui : Non. 
Moi : Et si du coup tu ne comprenais rien à l’histoire, tu ne reviendrais pas en arrière pour vérifier les dates, essayer de reconstituer les événements ? 
Lui : Dans un cas comme ça je lâche le livre. Enfin si c’est le tien, je me force pour être gentil, mais sinon, je laisse tomber. 
Moi : Et s’il y avait des couleurs en plus, par exemple 18 septembre aubergine, 3 mai indigo, 18 décembre magenta, cela ne t’intriguerait pas ? Tu n’y verrais pas une référence à des mondes parallèles qui… 
Lui : Non. 

Sinon j'ai aussi pensé à utiliser les échecs. Chaque chapitre serait une case, et le livre se présenterait de manière à ce que, un chapitre après l’autre, on soit en train de retracer les coups d’une partie célèbre se terminant par un pat. (Le pat faisant office de subtile chute.) On se déplacerait ainsi à la fois sur l’échiquier et dans le temps. Naturellement, le texte pourrait aussi se lire d’une autre manière, de a1 à a8, puis de b1 à b8, et ainsi de suite, et cette seconde lecture éclairerait la première d’une troublante lumière. Sauf que j’ai réalisé, il était temps, que ces joueurs, là, dans leurs compétitions internationales, non seulement ils n’utilisaient pas toutes les cases de leur échiquier, mais qu’en plus, il leur arrivait, la chose n’est pas rare du tout, de repasser plusieurs fois par la même case. Du coup, c’est mission impossible, mon truc. À moins bien sûr d’inventer une partie sans aucune capture, une sorte de ballet coopératif où les deux camps s’éviteraient soigneusement et auraient comme unique objectif de visiter une fois, et une seule, chacune des cases de l’échiquier, mais franchement c’est au-dessus de mes forces. Puis j’ai comme l’intuition que, comment dire ? Bref, pour l’heure le problème reste entier, quel suspens.

(Il y a des gens qui sont vraiment très unifiés. Je ne comprends pas comment ils font.)  

À part ça, j'ai découvert que les abeilles étaient capables d'abstraction

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